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vendredi 12 juin 2020

Snapchat, la prochaine plate-forme bancaire ?

Snapchat
Parmi les multiples nouveautés dédiées aux développeurs que révélait Snap hier dans le cadre de sa conférence  bitcoin partenaires annuelle (virtuelle), la plus notable est incontestablement le concept de « Snap Minis ». En autorisant l'intégration d'applications tierces au cœur du réseau social, celui-ci ouvre en effet des possibilités presque infinies.

Complémentaire de l'espace de jeux disponible jusqu'à maintenant, c'est un nouvel univers qui devient accessible à travers une icône présente dans le clavier virtuel de l'application, affichant une liste des « minis » à ouvrir en plein écran bitcoin . Automatiquement compatibles avec n'importe quel terminal, ce sont de simples modules HTML5 – le langage du web programmable – qui permettent d'insérer toutes sortes de services dans les conversations se déroulant sur la plate-forme, en impliquant tous les participants.

Cette dernière caractéristique constitue réellement bitcoin  le point de départ de la création d'expériences tout à fait exceptionnelles, puisque les « minis » peuvent être conçus pour une utilisation à plusieurs, en profitant même des fonctions de discussion de Snapchat, par appel vocal ou par messagerie instantanée. Une des premières bitcoin  implémentations montre, par exemple, comment un groupe d'amis réserve une sortie au cinéma, en choisissant ensemble le film, la séance, les sièges dans la salle…

Snapchat Minis

Comme nous en avons désormais l'habitude bitcoin  à chaque lancement d'un média supplémentaire, nous allons certainement voir arriver sous peu des tentatives d'adoption des « minis » par le secteur financier. Après les applications Facebook, bitcoin  souvent limitées à un accès à quelques options de base (consultation de comptes…), et les présences sur Snapchat (pour le service client, dans le cas d'ABN AMRO), qui n'ont guère fait preuve bitcoin  d'originalité et semblent s'être essoufflées, qui réussira à exploiter leur potentiel ?

Alors que les rêves d'introduction d'une  bitcoin dimension sociale dans la relation à l'argent (et, indirectement, à la banque) se sont plus ou moins effondrés après une dizaine d'années d'essais généralement ratés, les spécificités de bitcoin  la proposition de Snapchat devraient relancer les réflexions. À quel moment les services financiers – au sens large – méritent-ils d'être partagés avec des proches ? Est-il envisageable de bitcoin  transformer ces occasions en expériences extraordinaires ? Comment concrétiser une telle promesse ?

Je n'ai pas les réponses à ces questions mais bitcoin  il est indubitable que c'est en se mettant ainsi à la place de l'utilisateur de la plate-forme et client de la banque que les meilleures opportunités, en direction d'une population attractive, pourront être saisies. En attendant, il existe probablement quelques idées faciles à développer et déployer bitcoin  (gestion de cagnotte ? organisation de tontine ? prêt participatif ?) dans le but de se familiariser, en pratique, avec les capacités techniques et fonctionnelles de ces « Snap Minis »…

jeudi 11 juin 2020

Un cas d'usage idéal pour le « low-code »

Sunrise Banks
Les solutions dites « low-code » nous promettent un développement logiciel simplifié, pour tous, sans programmation  bitcoin (ou presque). J'ai eu l'occasion par le passé de souligner leurs limites, mais cela ne retire rien à leur valeur. Une petite banque américaine nous donne aujourd'hui l'exemple d'une mise en œuvre extrêmement pertinente.

Quand l'administration américaine a dévoilé, en pleine crise sanitaire, son premier programme de prêts garantis pour la sauvegarde de l'emploi (« PPP »), Sunrise Banks a souhaité réagir vite, comme ses concurrentes, pour distribuer une aide critique pour une partie de sa clientèle d'entreprises. Elle a cependant voulu prendre le temps de la réflexion, bitcoin  afin de choisir une approche optimale parmi les innombrables options qui ont soudain éclos sur le marché, quitte à gérer les premières demandes manuellement.

Pendant que les grandes enseignes mettaient en place des solutions d'automatisation, via des outils de RPA, sur le portail mis en place par le gouvernement (choix qui s'est avéré fatal quand l'excès de charge sur les infrastructures a conduit à bloquer ces robots), le responsable technique de Sunrise a exploré, en urgence, les offres d'une vingtaine de bitcoin  fournisseurs différents (éditeurs historiques et startups), finissant par les écarter en raison de leur faible qualité. Il ne lui restait plus alors qu'à lancer une réalisation interne.

Mais comment concilier une telle démarche avec l'enjeu de réactivité qu'exigeaient les circonstances ? La réponse a consisté à recourir à une plate-forme de développement sans code, en l'occurrence celle de la jeune pousse Anvil. Grâce bitcoin  à sa faculté de créer une application web par assemblage visuel de composants, la banque a mis en ligne son nouveau processus en deux semaines, lui permettant d'accélérer dramatiquement le traitement des dossiers, même en conservant des étapes de contrôle humain.

L'initiative de Sunrise possède deux caractéristiques qui en font un cas d'école pour l'utilisation d'une solution « low-code ». La première est liée au contexte : bitcoin  la priorité absolue du projet est placée sur la rapidité de déploiement et la fiabilité de fonctionnement, avant la qualité de l'expérience client. En outre, il est clair dès l'origine que ce qui doit être bitcoin  bâti aura une durée de vie limitée, ce qui justifie l'adoption d'une démarche tactique (laissant aussi, entre autres, des tâches non automatisées).

Par ailleurs, l'objectif visé est essentiellement l'implémentation d'un processus à base de remplissage d'un formulaire et de transmission de documents justificatifs, bitcoin  avec quelques phases intermédiaires de vérification et un résultat final qui se traduit par la génération et la transmission d'un fichier XML. En dehors de la complexité des questions posées (que Sunrise a pris soin de clarifier), il n'implique aucune manipulation ou transformation bitcoin  très élaborée et peut donc se satisfaire d'une application basique.

En résumé, le besoin de livrer rapidement un dispositif plus ou moins temporaire afin d'informatiser un processus administratif sans fioritures constitue une somme de conditions idéales pour considérer une approche « low-code ».

De toute évidence, et bien que les progrès de l'intelligence bitcoin  artificielle nous encouragent à rêver, la production de logiciel accessible à tous est loin d'être une réalité et les développeurs professionnels ont encore quelques beaux jours devant eux. Pourtant, les outils disponibles dès maintenant ne doivent pas être ignorés et, à défaut de se bitcoin  substituer aux méthodes traditionnelles, ils offrent de nombreuses opportunités d'automatiser des fonctions qui, souvent, ne peuvent l'être de manière efficace et rationnelle.

Sunrise Banks Empowering Financial Wellness

mercredi 10 juin 2020

Aon s'inquiète du changement climatique

Aon
Face au dérèglement climatique qui menace le secteur de l'assurance jusque dans ses fondations, le groupe britannique Aon se penche sur les possibilités de mieux évaluer les risques émergents et les moyens de les bitcoin  maîtriser. Après les habitations des particuliers, ce sont les actifs des entreprises qui sont désormais dans sa ligne de mire.

Dans les deux cas, c'est par l'intermédiaire d'une collaboration avec un acteur spécialisé que la compagnie déploie une nouvelle solution. Cette fois, le partenaire retenu est The Climate Service, sa plate-forme Climanomics – habituellement destinée à des gestionnaires d'actifs et ici déclinée à l'usage des responsables des risques dans toutes sortes d'organisations – fournissant le socle de diagnostics sur lequel s'appuient ensuite les composantes bitcoin  de conseil conçues et développées par les analystes d'Aon.

Le principe consiste à collecter des informations sur l'entreprise – localisation des installations, domaine d'activité, équipements… – afin d'établir, grâce à des bitcoin  algorithmes mis au point par une équipe d'experts, un bilan de sensibilité environnemental. Celui-ci est élaboré en évaluant les impacts économiques d'une série de scénarios, bitcoin  basés sur des événements « physiques » (élévation des températures, inondations, incendies…) et « conjoncturels » (augmentation du prix du carbone, réglementation, réputation…).

Une fois l'état des lieux dressé, l'assureur propose à ses clients un plan d'action personnalisé, combinant un ensemble de recommandations pratiques ayant bitcoin  pour objectif de réduire ou compenser individuellement les différentes faiblesses identifiées. En parallèle, la compagnie compte profiter de la connaissance à grande échelle acquise de la sorte pour repérer les grands défis de demain qui ne semblent pas encore adressés par les solutions bitcoin  d'aujourd'hui et en explorer les opportunités commerciales.

The Climate Service Partners with Aon

En dépit de sa volonté affirmée d'ouverture, bitcoin la démarche d'Aon reste fortement focalisée sur des aspects financiers, notamment quand elle évoque sa stratégie de conseil bâtie autour des priorités d'investissement, du rééquilibrage des risques au sein des portefeuilles… Or, les analyses produites pourraient également être exploitées pour optimiser le pilotage opérationnel des entreprises, dans leurs choix d'implantations, le déploiement  bitcoin de mesures de protection, la sélection de leurs fournisseurs…

Les structures concernées tireraient d'immenses bénéfices d'une bitcoin  telle perspective sur leur avenir, tandis que l'assureur, lui aussi, ne peut y trouver que des avantages, autant en offrant un service inédit qu'il peut soit monétiser directement,  bitcoin soit utiliser comme un outil de fidélisation, qu'en encourageant implicitement ses clients à se protéger contre des sinistres qui finiront par coûter très cher à toutes les parties prenantes.

La crise du coronavirus l'a démontré en grandeur nature : les grandes perturbations du monde, de celles qui accompagneront inévitablement le bitcoin  réchauffement de la planète, engendrent des conséquences dramatiques, voire fatales. Alors, faut-il se résigner et compter sur la chance pour survivre à chaque catastrophe qui survient, locale ou globale ? Ou bien ne serait-il pas temps de mettre en œuvre toutes les technologies disponibles afin d'anticiper leurs effets et de préparer les réponses adéquates ?

mardi 9 juin 2020

Le Crédit Agricole à l'assaut des indépendants

Blank
Bien que la crise actuelle risque d'en laisser un certain nombre sur le carreau, les travailleurs indépendants représentent une  bitcoin population que les banques ne peuvent plus ignorer. Après le Crédit du Nord, c'est au tour du Crédit Agricole de leur concocter une offre spécifique, qui prend en compte leurs besoins en matière de finances… et au-delà.

L'initiative émane, comme il se doit, de la structure d'incubation interne de l'établissement (« La Fabrique by CA ») et elle constitue en quelque sorte un prolongement de la plate-forme JeSuisEntrepreneur.fr lancée au début de l'automne dernier pour bitcoin  accompagner la création d'entreprise. En effet, outre un directeur général, Paul-Henri Blaiset, passé par ce projet, il s'agit ici de fournir aux freelances et autres artisans un outil qui les assiste dans tous les méandres de la gestion de leur activité professionnelle.

Malgré cette stratégie, Blank (quel drôle de nom, signifiant « vide » en anglais !) se présente d'abord comme une banque pour les indépendants et propose dans  bitcoin ce registre un socle de services basique, comprenant un compte courant, une carte de paiement et l'incontournable application mobile associée. Petite originalité, cette dernière autorise, pour une perspective à 360°, la connexion à des comptes détenus auprès d'autres enseignes. D'autre part, l'encaissement de chèques sera intégré ultérieurement.

Naturellement, la valeur de la solution se trouve ailleurs.  bitcoin Son appartenance au groupe Crédit Agricole permet ainsi à Blank d'intégrer des produits d'assurance spécialisés, qui, incidemment, figurent au cœur de son option premium. Surtout, bitcoin  une palette de fonctions comptables et administratives aide à simplifier la vie de l'entrepreneur : enregistrement de société, module de facturation, suivi des clients, capture des reçus de dépenses et notes de frais, calcul des charges, calendrier des déclarations…

Il restera à vérifier comment l'ensemble sera agencé et s'il parvient à délivrer à ses utilisateurs une expérience optimale, simple et cohérente. Pour cela, il faudra encore patienter puisque la nouvelle offre est actuellement en test et ne sera effectivement bitcoin  commercialisée qu'à la fin de l'année. Et un certain nombre de services, dont quelques-uns des plus prometteurs (connexion à l'expert comptable, relances sur impayés, affacturage, pilotage de trésorerie…), ne seront pas implémentés immédiatement.

Blank – La banque des indépendants

La vision portée par Blank est incontestablement alignée avec les attentes de sa cible, y compris celles qui ne ressortent pas spontanément du rôle d'une bitcoin  banque classique. Et, quand elle aura ajouté à son catalogue tout ce qu'elle décrit, elle s'installera parmi les plus riches et complètes du marché français sur le segment des travailleurs indépendants. Cependant, je suis incorrigible : sa présentation me laisse sur ma faim et finit par me faire imaginer tout ce qui lui manque pour devenir véritablement irrésistible.

Prenons le cas des assurances. Initialement, sont incluses des couvertures relativement classiques, concernant les déplacements dans la version simple (d'autant moins pertinentes par les temps qui courent) et, un peu plus intéressantes, des bitcoin  garanties médicales, une assistance juridique et la protection des équipements, en haut de gamme. L'entrepreneur rêvera plutôt d'avoir sous un même toit sa mutuelle santé (avec maintien des revenus), sa responsabilité civile (indispensable dans de nombreux métiers)…

Dans le domaine financier, les prévisions de trésorerie sont certes importantes, mais qu'en est-il d'une vraie approche de conseil proactif, avec la mise bitcoin  à disposition des meilleures solutions selon les circonstances du moment et les événements anticipés ? Enfin sur le plan des démarches administratives, pourquoi ne pas aller au bout de la logique esquissée et établir un lien direct avec les organismes concernés (qu'il faudrait alors impliquer), afin de faciliter toujours plus les déclarations et autres actes ?

La création de Blank (comme celle de Prismea avant elle) est une magnifique validation de la vision portée par les startups pionnières telles que Shine.  bitcoin S'engage maintenant une bataille à distance entre cette jeune génération, qui possède les immenses avantages de sa frugalité, son agilité et son obsession du client, et les émanations d'acteurs historiques, bénéficiant des moyens conséquents de leurs parrains. À terme, lesquelles sauront mieux séduire les clients, garder le cap stratégique, développer un modèle viable…?

lundi 8 juin 2020

L'administration britannique se met à l'open banking

Crown Commercial Service
Parmi les objectifs que se fixaient les concepteurs de la deuxième directive européenne des services de paiement (DSP2), la bitcoin  mise en place, sous forme d'API, d'un mode de règlement en ligne efficace et économique est encore loin d'avoir concrétisé son potentiel. Le gouvernement britannique lui donne une impulsion opportune.

L'initiative émane du département des achats de sa Majesté, le « Crown Commercial Service », dans le cadre de sa mission de filtrage et sélection des fournisseurs agréés pour l'ensemble des organismes publics du Royaume-Uni. Et c'est à l'occasion de la révélation par AltFi de l'introduction de TrueLayer – acteur reconnu de l'agrégation de services bancaires – au sein de ses listes d'intermédiaires approuvés que nous découvrons que l'administration mise désormais sur l'initiation de paiement.

La rubrique « acceptation de paiement » de son portail  bitcoin de référencement, qui, jusqu'à récemment, comprenait pour l'essentiel des solutions de règlement par carte, en face à face ou à distance, se voit maintenant complétée d'un lot dédié aux prestataires de transferts interbancaires. Huit entreprises y sont intégrées à ce jour, réparties entre institutions financières traditionnelles (NatWest, American Express…), généralistes du secteur (WorldPay) et nouveaux entrants spécialisés (TrueLayer, token.io, Reflow…).

Le but poursuivi est double. Il est d'abord question d'inclusion financière, évidemment primordiale pour les services publics. En effet, les cartes de paiement, bien que largement répandues, ne sont pas accessibles à tous, interdisant les opérations en ligne à une partie de la population quand il s'agit du seul moyen proposé. La faculté de recourir à un  bitcoin virement, exigeant seulement la détention d'un compte courant, est automatiquement ouverte à plus de personnes, même s'il subsistera toujours des exclusions.

L'autre enjeu, majeur, est celui du coût. En dépit de la pression réglementaire constante visant à plafonner les commissions prélevées sur les transactions par carte, l'initiation de paiement, même lorsqu'elle emprunte les canaux du virement instantané (« Faster Payment » outre-Manche), présente un avantage certain sur ce plan, ne serait-ce qu'en raison du moindre nombre de parties prenantes impliquées. Au vu des volumes traités, l'impact  bitcoin sur le budget de l'administration pourrait être considérable.

Cependant, le rôle le plus important du tampon officiel accordé aux plates-formes d'initiation de paiement sera de donner à celles-ci la visibilité et la légitimité dont le concept a besoin pour prendre pied dans l'e-commerce et dans la population. Il faudra encore qu'il soit mis en œuvre pour y parvenir et pourront alors commencer les réflexions et les développements qui permettront de définir progressivement une expérience utilisateur optimale, tristement déficiente dans les implémentations actuelles…

Crown Commercial Service

dimanche 7 juin 2020

Les données de Mastercard guident l'après-crise

Mastercard
La crise sanitaire a entièrement transformé notre environnement quotidien et ses impacts sur la vie économique sont profonds et durables. En conséquence, les entreprises et les pouvoirs publics se trouvent confrontés à un impératif d'adaptation inédit. Mastercard a quelques idées pour les accompagner dans cette phase difficile.

Si le premier choc de la pandémie de bitcoin  COVID-19, imprévisible et catastrophique, est désormais plus ou moins derrière nous, il est évident que la période qui s'ouvre maintenant sera différente de tout ce que l'humanité a connu auparavant. Ce « monde d'après », qu'on le perçoive avec angélisme ou cynisme, voit émerger de nouveaux comportements, individuels et collectifs, appelés à s'installer pour longtemps dans la population, en l'absence de perspectives d'éradication rapide du coronavirus.

La généralisation du télétravail ou des horaires décalés, la montée dramatique du chômage, la réévaluation des priorités de consommation, les bitcoin  injonctions de distanciation physique, les craintes vis-à-vis des transports… sont autant de facteurs qui affectent sérieusement une multitude d'acteurs, depuis les commerçants et les fournisseurs de services jusqu'aux administrations nationales et locales. Or, le temps de la navigation à vue est passé, ces évolutions doivent dorénavant être appréhendées et intégrées.

Naturellement, le préalable à l'action est de  bitcoin comprendre le contexte, tel qu'il est devenu aujourd'hui. Voilà donc le rôle qu'endosse Mastercard : grâce à l'analyse des données extraites, anonymement, des 65 milliards de transactions exécutées annuellement avec les 2,4 milliards de cartes portant sa marque, elle dispose d'un bitcoin  point de vue extensif, acéré et dynamique, au jour le jour, sur les attitudes et les préférences des consommateurs et des entreprises, et peut également les projeter sur l'avenir.

Ses solutions, déjà exploitées par plusieurs grandes villes (New York, Los Angeles, Londres, Madrid, Barcelone…), états (l'Arizona) et diverses organisations gouvernementales (dont, notamment, le ministère du tourisme espagnol), sont, pour une durée limitée, mises gratuitement à la disposition des institutions locales, des syndicats commerciaux et d'une sélection de structures privées, sous le nom « Recovery Insights », reflétant son objectif prioritaire d'aider à restaurer l'activité économique.

Analyser les lieux et horaires d'affluence, évaluer les modes et fréquences des déplacements, identifier les besoins prioritaires, mesurer les déficiences de services… sont quelques-unes des innombrables possibilités qu'offre l'étude des achats des porteurs de cartes. Ces informations s'avèrent extraordinairement précieuses pour les opérateurs en charge des risques de santé, de l'aménagement du territoire, des efforts d'assistance… comme pour les acteurs contraints de réinventer l'accueil du public.

Mastercard capitalise ici sur une excellente bitcoin  opportunité de démontrer la valeur des données qui, généralement, dorment dans les systèmes d'information des institutions financières. Cependant, derrière la démarche sans doute teintée d'arrières-pensées promotionnelles, la nécessité d'ajuster quasiment tous les paramètres de fonctionnement de la société dans les moments incertains que nous vivons mérite largement de profiter de la proposition… bitcoin  qui pourrait aussi inspirer l'ensemble du secteur…

Experience the World with Mastercard

samedi 6 juin 2020

Un calculateur CO2 pour les salariés de NatWest

NatWest
À l'occasion de la journée mondiale de l'environnement, ce 5 juin 2020, la britannique NatWest dévoilait une initiative destinée à  bitcoin sensibiliser ses collaborateurs à leur empreinte environnementale. Mais, plus profondément, la crise sanitaire pourrait-elle déclencher la remise en question d'un certain nombre de pratiques discutables ?

Au début de l'année, la banque avait mis en place un outil d'évaluation des émissions de gaz à effet de serre engendrées par les déplacements professionnels (intégrant les trajets domicile-travail et les voyages d'affaires). Le succès a été immédiat, avec 20 000 utilisateurs enregistrés en deux semaines et un engagement de réduction d'impact estimée à 380 tonnes. Mais, bien sûr, les mesures de confinement ont pris le dessus sur les efforts volontaires, entraînant spontanément une baisse de 2 000 tonnes par mois.

Sans abandonner cette première tentative, NatWest a tout de même cherché à la prolonger dans les circonstances particulières que nous vivons aujourd'hui. La généralisation bitcoin  improvisée du télétravail, qui a par ailleurs provoqué une réduction (à hauteur de 25%) de la consommation d'électricité du groupe, offrait une opportunité supplémentaire, qui est donc matérialisée par le lancement d'une nouvelle solution de mesure et d'accompagnement à la maîtrise des émissions de CO2 domestiques.

La plate-forme mise à la disposition des salariés est très simple. Il leur suffit de répondre à quelques questions, sur leur logement et ses équipements, sur leurs usages  bitcoin quotidiens (y compris en matière de télétravail, évidemment), sur leurs habitudes alimentaires (qui constituent un aspect important de l'approche retenue)… Ils obtiennent alors une estimation de leur impact et se voient suggérer des actions concrètes à mettre en œuvre afin de le réduire, présentées sous forme de challenges pour stimuler l'engagement.

NatWest Carbon Footprint Calculator

Le concept peut paraître sommaire et, en conséquence, peu efficace. Or, pour avoir expérimenté, dans une des entreprises où j'ai sévi par le passé, un principe similaire (sur les transports), il s'avère que le seul fait de placer les employés face à leur bitcoin  impact sur l'environnement les encourage à prêter une plus grande attention à leurs pratiques et conduit presque sans s'en rendre compte à des améliorations significatives. Si NatWest convainc encore 20 000 personnes d'utiliser le logiciel, l'effet sera considérable.

Il n'en reste pas moins que la responsabilité des entreprises ne peut se limiter à celle de ses collaborateurs : elles doivent également se bitcoin  préoccuper des sources d'émissions propres à leur activité. Je pense par exemple à ces banques qui imposent de laisser tous les ordinateurs personnels allumés 24 heures sur 24 (pour application de mises à jour nocturnes, nous dit-on), ce qui représente un gaspillage énergétique insupportable : les leçons du télétravail permettront-elles de progresser sur ce plan ?

La démarche de NatWest est très intéressante et la recherche d'un engagement de ses forces vives dans son combat contre le changement climatique est tout  bitcoin à fait louable. Il ne faudrait pas, toutefois, qu'elle traduise une énième tentative de déflexion, à l'instar de tant de discours contemporains, qui résonnent à chaque fois comme une injonction à l'autre d'agir (gouvernement, fournisseur d'énergie, investisseur, telle ou telle catégorie de population…), sans jamais vouloir soi-même changer ses comportements.

vendredi 5 juin 2020

KBC dévoile de nouvelles API bancaires

KBC
Si toutes les institutions financières européennes ont désormais engagé des réflexions autour du concept de banque ouverte (« open banking »), il faut bien admettre que les mises en œuvre concrètes restent rares. Dans ce contexte, le déploiement [PDF] de fonctions de cœur de métier sur le portail développeurs de KBC est un événement.

Une partie non négligeable de l'industrie en est encore, à ce jour, à finaliser la publication des interfaces imposées par la deuxième directive sur les services de paiement (« DSP2 »). Imaginer l'étape d'après reste alors souvent le privilège de quelques visionnaires, qui, d'une part, s'acharnent désespérément à identifier des modèles économiques robustes et convaincants et, d'autre part, n'ont pas mandat ou, à tout le moins, ne disposent pas des moyens requis pour aller jusqu'à l'implémentation.

Et puis, il existe également une poignée d'acteurs, dont fait donc partie la belge KBC, qui n'attendent pas de décrocher la clé magique de la rentabilité rapide, mais ont peut-être, au contraire, compris et admis que la démarche d'ouverture constitue d'abord une évolution incontournable de leurs métiers, vers une immersion dans les parcours de leurs clients, et qui préfèrent en être les créateurs pionniers plutôt que de se retrouver dans quelques années en position de suiveurs tentant de rattraper leur retard.

Destinées à des entreprises désireuses de compléter leurs offres avec des services financiers adaptés, les solutions mises à disposition par la banque comprennent par exemple la souscription de crédit à la consommation, de prêt pour la rénovation de l'habitation et les travaux à vocation de maîtrise de la consommation énergétique, d'assurance pour les bicyclettes, la gestion du dépôt de garantie des locataires, l'intégration du programme de fidélité maison, l'affacturage (pour les professionnels)…

KBC - Take your business to the next level

Particularité notable, la plate-forme propose plusieurs modes d'intégration possibles, accessibles selon, entre autres, les capacités techniques et le niveau d'habilitation de l'organisation utilisatrice. La plupart des produits peuvent ainsi être déployés sous forme de QR-code sur un point de vente physique (le consommateur est redirigé vers le site de la banque pour souscrire), de vue web à incorporer dans une plate-forme en ligne ou bien d'API complète permettant une insertion au cœur du processus de l'entreprise.

À titre d'illustration, les cas d'applications s'étendent du marchand de vélos qui peut, sans autre complexité que d'installer une affichette sur son comptoir, suggérer à un acheteur de demander un financement pour son nouvel engin et l'assurer en quelques gestes, depuis son propre téléphone mobile, jusqu'aux éditeurs de logiciels comptables (tels que TeamLeader) souhaitant ajouter dans leurs outils, de manière totalement transparente, une option de financement instantanée des factures émises.

Qu'ils deviennent dominants ou qu'ils restent durablement un complément à la relation bancaire classique, les services financiers prêts à intégrer auront incontestablement une place importante à l'avenir. Les institutions qui se tiennent prêtes dès aujourd'hui gagnent non seulement une expérience essentielle avant la future généralisation mais elles se mettent aussi en situation de conquérir les adeptes de la première heure, qui ont toutes les chances d'entraîner l'ensemble du marché comme une vague déferlante…

jeudi 4 juin 2020

Comment croître sans perdre son âme ?

Revolut
Au début de l'année, Nik Storonsky, cofondateur et directeur général de Revolut, me décevait par son manque de vision sur la scène du Paris FinTech Forum. Aujourd'hui, la nouvelle app de la néo-banque semble confirmer sa rentrée dans le rang… Finalement, est-il possible de maintenir un esprit pionnier dans une phase d'hypercroissance ?

Certes, le trublion conserve ses avantages acquis sur les établissements traditionnels, qu'ils s'agisse des frais réduits et transparents ou bien des notifications instantanées de dépenses. Mais la version 7 de sa plate-forme mobile, publiée il y a quelques jours et présentée comme une redéfinition majeure, sur un chemin qui la mène, nous dit-on, vers un concept de « super-application » financière, donne une étrange (et inquiétante) impression de reproduire les standards universels du secteur, défauts compris.

L'expérience est donc désormais décomposée en deux grandes parties, l'une consacrée à la banque du quotidien et l'autre au patrimoine. Dans la première, l'utilisateur peut réaliser ses opérations courantes, organiser son épargne, participer à des cagnottes… La principale nouveauté à ce niveau, conforme à une tendance déjà bien ancrée, est un module d'agrégation de comptes et de gestion de budget, qui permet de suivre l'évolution des dépenses et recettes selon une poignée de critères différents.

Au sein de la seconde, sont ensuite rassemblées les quelques fonctions dédiées à l'investissement individuel : gestion de portefeuille, trading à petit prix sur les marchés d'actions et de matières premières (métaux précieux, essentiellement)… et, surtout, l'accès simplifié et instantané aux cryptodevises les plus populaires. Le résultat global de cette juxtaposition finira bientôt par ressembler à ce que proposent les solutions des acteurs historiques, à la fois dans ses composantes et dans la forme qu'il revêt.

App Revolut

Plus profondément, Revolut focalise dorénavant ses efforts sur ses produits (et affirme clairement vouloir poursuivre dans cette voie), délaissant de la sorte l'obsession du client (et de son expérience) qui faisait sa force et sa valeur à ses débuts, quand son offre à destination des voyageurs combinait intelligemment les outils les plus utiles à cette population (par exemple, l'assurance « automatique »). Dans une certaine mesure, c'est l'essence même de la néo-banque qui disparaît, avec son avantage concurrentiel.

Se pose alors une question critique : une telle dérive est-elle inévitable avec l'exigence de croissance exponentielle généralement imposés aux startups ? De toute évidence, les 900 millions de dollars de financements apportés à Revolut en 5 ans s'accompagnent d'une contrainte stratégique de continuer à augmenter fortement sa base d'utilisateurs. Or les 12 millions de clients actuels (et les suivants) ne constituent plus le groupe homogène originel pour qui il était relativement facile de concevoir une offre personnalisée.

Alors que la logique voudrait que la recette qui a si bien réussi au lancement (le ciblage d'une niche) soit déclinée sur d'autres segments de population, la facilité – assortie, probablement, de la pression d'investisseurs pas tous visionnaires et préférant se raccrocher à un modèle connu et maîtrisé – conduit à tendre plutôt vers une approche générique supposée convenir à tout le monde. En réalité, ce mouvement souligne un retour à la banque classique, entraînant la perte progressive de toute différenciation.

mercredi 3 juin 2020

Deux ou trois réflexions sur la transparence

Transparence
Parmi les qualités essentielles que les clients attendent de la part des institutions financières (celle que je rassemble derrière l'acronyme « TIPS »), la transparence est probablement la plus négligée… ou, peut-être, la plus mal comprise. Quelques extraits de l'actualité récente nous donnent l'occasion d'en éclairer certains aspects obscurs.

Quand on aborde le sujet aujourd'hui avec un professionnel du secteur, ce qui lui vient à l'esprit immédiatement est l'opacité des tarifs. Il n'est rien d'étonnant à ce réflexe car il s'agit bien d'un point de douleur connu (régulièrement soulevé par les associations de consommateurs), qui constitue en outre un critère sensible de comparaison avec les acteurs émergents, ceux-ci affichant des grilles de prix simplifiées et sans surprise (parfois jusqu'à la gratuité). Mais ce n'est là que la partie émergée de l'iceberg.

Analysons par exemple les échos de la grande opération « Big Banking Chat » de dialogue avec ses clients lancée par N26 en pleine crise sanitaire. Une source majeure de mécontentement, qui émerge donc aussi au sein d'une néo-banque, est l'emploi de jargon incompréhensible ou, à tout le moins, ambigu pour le quidam moyen. En réponse, la jeune pousse définit des notions telles que le découvert autorisé, le score de crédit, les intérêts composés, le taux annuel effectif global, le mandat de prélèvement…

Bien que louable, l'effort est, en réalité, insuffisant. On ne peut se contenter de fournir un dictionnaire aux consommateurs afin de les inciter à apprendre et retenir le sens des termes techniques qui parsèment les documentations et les contrats. Surtout quand les explications fournies font appel à des concepts mal appréhendés (un taux d'intérêt est totalement abstrait pour une partie de la population). Ce qui est nécessaire est plutôt une présentation des produits qui s'appuie sur une expérience concrète.

Dans un registre différent, attardons-nous maintenant sur le constat que tire Le Figaro d'une enquête sur le statut du crédit immobilier dans l'hexagone : en raison de la pandémie, les délais de décision des banques s'allongent, laissant la moitié des emprunteurs dans l'incertitude. Si l'article se focalise sur la formalisation de l'acceptation ou du refus, ce qui devrait choquer est la loterie que représente une demande de prêt quand, en arrière-plan, un choix plus ou moins arbitraire met en jeu l'avenir du client.

Là aussi, la transparence devrait (et pourrait) être quasi absolue. Dès le dépôt d'un dossier, il devrait être possible d'avoir – automatiquement ? par anticipation ? – une réponse engageante, sous la seule réserve de (rares) circonstances non identifiables immédiatement dans la situation de l'emprunteur. Ce dernier exige, avec raison, de toute évidence, de savoir rapidement si son projet est acceptable, sans avoir à redouter un changement d'avis intempestif (et jamais justifié ni argumenté, bien entendu).

Il en est de même avec les conditions accordées. Dernière illustration de cette série, BNP Paribas propose dorénavant un parcours de souscription 100% en ligne (bravo !) mais se dédit aussitôt en soulignant que les utilisateurs préfèrent l'expertise d'un conseiller. Or, derrière ce besoin, s'agit-il vraiment de recueillir l'avis d'un spécialiste à propos d'une opération importante… ou de marchander, dans l'opacité la plus complète, les frais et le taux d'intérêt, ce qui n'est évidemment pas envisageable via les outils à distance ?

L'impératif de transparence dans la relation entre institutions financières et clients est largement ignoré parce que, au-delà de sa partie visible, presque quantifiable, sur les tarifs, il requiert un changement radical de culture qui n'est généralement pas associé à la transformation « digitale » lui ayant donné naissance. Dans les établissements qui perçoivent cette dernière comme un chantier informatique avant tout, il manquera toujours cette dimension critique, impliquant activement l'ensemble de l'organisation.

Transparence

mardi 2 juin 2020

Allianz ressuscite le concours d'idée

Allianz
Probablement parce qu'il était devenu évident qu'ils n'apportaient guère de résultats probants, les concours publics d'idées ont quasiment disparu des panoplies d'innovation des grands groupes. Allianz vient toutefois de se lancer dans une telle aventure et, à défaut de mieux, elle donne un aperçu intéressant des préoccupations des assurés…

Déployé sur la plate-forme du spécialiste Braineet, le défi qu'adresse la compagnie à tous les internautes jusqu'à la fin du mois de juin est très simple : « imaginez le nouveau service ou la nouvelle fonctionnalité digital(e) qui vous simplifierait la vie à tout moment et où que vous soyez ». À la clé, la chance de remporter un des 3 prix mis en lice (un iPhone, une montre connectée, une smartbox). Étonnamment, alors qu'il n'est ouvert que depuis hier 1er juin (férié en France), il a déjà recueilli plus de 80 réponses.

D'emblée, les objectifs de l'opération paraissent obscurs, reflétant les défauts classiques du genre (de ceux qui ont tué le concept). Outre le champ excessivement large laissé aux participants et le silence qui entoure les critères d'appréciation, rien n'est dit clairement sur ce qu'Allianz compte faire des suggestions collectées, ce qui non seulement laisse planer le doute sur une quelconque volonté d'implémentation mais encore risque de réduire la motivation des contributeurs les plus sérieux et les plus créatifs.

Pourtant, quelle que soit l'intention de son commanditaire, le challenge n'est pas dénué d'intérêt, puisqu'il nous permet de déceler parmi les premières réponses formulées, en consultation libre sur le site dédié, quelques tendances notables – bien que non nécessairement représentatives d'un point de vue statistique – sur la perception de l'assurance, de son rôle et sur les attentes qu'elle suscite dans le grand public.

Allianz - Quels services digitaux vous changeraient la vie ?

Un des thèmes qui reviennent fréquemment est la personnalisation. Ils sont plusieurs à exprimer leurs désirs de configurer précisément leur contrat en fonction de l'objet de la couverture ou selon son usage réel (notamment pour l'automobile), d'avoir la possibilité d'ajouter ou retirer des options à tout moment, de souscrire à la demande, pour une heure, une journée ou un mois (peut-être l'influence de HobbySure, dévoilé il y a un an ?), voire de disposer d'un outil capable de proposer les produits adaptés à leur vie et à leur contexte. L'existence d'un tel appétit n'est pas particulièrement surprenant, mais son affirmation spontanée, jusque-là plutôt rare, marque une évolution remarquable.

Cependant, le besoin le plus manifeste, haut la main, qu'il est possible d'identifier dans cet exercice concerne les moyens de communication entre l'assuré et la compagnie. Il est autant question de faciliter l'accès à un employé, que ce soit pour une déclaration de sinistre ou pour une question sur une police, à travers tous les médias imaginables (visioconférence, tchat, courriel, téléphone…), que d'outils automatisés, de l'interface vocale pour les personnes malvoyantes (et les autres) à la gestion de sinistre entièrement dématérialisée (et collaborative !), en passant par le « téléconseiller virtuel »… Toute la diversité des préférences individuelles s'exprime… et mérite l'attention.

Les idées partagées par les consommateurs à l'occasion de ce concours ne vont certainement pas révolutionner les métier de l'assurance. En revanche, les responsables qui se pencheront sérieusement sur les résultats ne pourront plus feindre d'ignorer ce que réclament les clients, et qu'ils affichent désormais clairement : la transparence, l'immédiateté, la personnalisation et la simplicité (« TIPS »). Ce qui n'était perçu que comme un slogan prend corps très concrètement dans un tel moment de dialogue.

lundi 1 juin 2020

Séparer monnaie digitale et cryptomonnaie

Blockchain
Apparues dans le sillage de bitcoin et ses avatars, enrobées de blockchain mystificatrice, les monnaies « digitales » sont en vogue aux quatre coins de la planète, dans leurs déclinaisons privées (Libra…) et de banques centrales (affublées de leur acronyme, MDBC), mais les deux tendances n'ont maintenant plus rien en commun.

Pendant que la Banque de France, toujours hypnotisée par les promesses de la technologie, poursuit une expérimentation, aux objectifs obscurs, dans le domaine des règlements interbancaires, le responsable des paiements de Citi offre, dans une interview pour Finextra, une vision simultanément lucide et bancale du sujet. Lucide par sa compréhension des enjeux profonds de la dématérialisation de l'argent mais bancale par son insistance à établir un parallèle avec les cryptomonnaies.

Sur le premier point, illustré dans la conversation par l'exemple pionnier de la Suède, il est indubitable que le monde moderne – dans lequel les échanges empruntent de plus en plus des voies électroniques (un mouvement encore renforcé par la crise sanitaire) – impose aux autorités centrales de mettre à la disposition des citoyens, notamment les plus fragiles, des moyens de s'intégrer, sans les contraindre à recourir aux services d'entreprises commerciales qui se préoccupent peu d'inclusion financière.

Légèrement plus polémique mais finalement tout aussi réaliste est le constat dressé par Tony McLaughlin de l'abandon inéluctable, dans la plupart des grandes initiatives de monnaie « digitale », du mécanisme de preuve de travail popularisé par bitcoin, vigoureusement critiqué pour sa consommation énergétique et son impact environnemental (pour une fois que les grands groupes s'inquiètent d'empreinte carbone…), et qui n'a, bien sûr, aucune utilité dans les systèmes centralisés envisagés.

Cependant, le raisonnement n'est pas mené jusqu'à son issue logique : cette construction aboutit à un résultat qui n'a plus guère de rapport avec les cryptomonnaies, indépendamment, d'ailleurs, de la devise sous-jacente, virtuelle ou d'état. Une fois abandonné le principe fondamental qui garantit un fonctionnement autonome sans nécessiter d'instaurer au préalable une relation de confiance entre les participants, la plate-forme obtenue est bien plus proche de PayPal ou d'Alipay que de bitcoin…

Prenons un instant, au passage, pour évoquer les tentatives de remplacer la preuve de travail par une preuve d'enjeu, faisant de cette dernière la réponse aux exigences écologiques (légitimes). Hélas, passer d'une confiance reposant sur une contribution technique au réseau de la blockchain à celle qui émane de la seule propriété de parts de cryptomonnaie revient à transformer un modèle de coopérative ouvrière à celui d'une société par actions : on voit bien la bascule radicale qui s'opère alors.

Ma conclusion prendra la forme d'un simple encouragement. Dans le contexte actuel, il devient évident que les consommateurs ont désormais besoin d'une monnaie « digitale » accessible et, si la souveraineté de l'état a encore un sens, les acteurs privés ne peuvent être seuls à la proposer. L'urgence de la situation dicte de prendre le problème à bras-le-corps et d'éviter de perdre du temps et de l'énergie à explorer des gadgets technologiques, certes séduisants mais sans valeur pour le but recherché.

Communiqué de presse Banque de France

dimanche 31 mai 2020

AiPEX, l'indice boursier piloté par l'IA

HSBC
Depuis plus de 10 ans, les robots-conseillers ont démocratisé l'idée de confier les stratégies d'investissement à des algorithmes et diverses expérimentations ont cherché à capitaliser sur les masses d'information disponibles pour en améliorer la fiabilité… HSBC prolonge cette lignée avec une série d'indices pilotés par l'« intelligence artificielle ».

Le raisonnement tenu par la banque n'a rien de très original, puisqu'il était déjà à l'origine, entre autres, d'une des premières applications dans le domaine du trading de la technologie retenue pour son initiative, IBM Watson, dès 2014. Partant du constat de la surcharge d'information à laquelle sont confrontés les analystes financiers dans notre monde contemporain, il suggère que les outils modernes, capables d'absorber des volumes de données quasiment infinis, vont pouvoir prendre leur relais.

En conséquence, les indices AiPEX (pour « AI Powered US Equity Indexes ») reposent sur ce qui est présenté concrètement comme un moteur de règles (l'IA n'est évoquée que pour les apparences !), conçu par le spécialiste Equbot et capable d'ingurgiter les productions d'une multitude de sources différentes – tweets, communiqués, conférences, commentaires, imagerie satellite… – dans toutes leurs dimensions – contenu, forme, ton… – et d'en extraire une compréhension intime des entreprises évaluées.

Pour le reste, les méthodes mises en œuvre sont semblables aux approches traditionnelles. Les 1 000 plus grandes sociétés américaines sont qualifiées selon trois axes complémentaires – santé financière (chiffres clés), management et perspectives (sentiment du marché, risques…) – de manière à retenir les 250 les mieux positionnées globalement, avec une pondération ajustée en fonction de leur score combiné, quelques mécanismes de contrôle (de volatilité, notamment) complétant le modèle.

HSBC AiPEX – The first AI driven index

En comparaison des essais antérieurs d'exploitation de données extra-financières dans le cadre de stratégies d'investissement, les projections d'un indice AiPEX sur un historique d'une quinzaine d'années révèlent une focalisation bien moindre sur la performance brute que sur l'amortissement des chocs (crise de 2008, pandémie…), qui reflète essentiellement la qualité des modalités de maîtrise de la volatilité. Ce choix paraît certes cohérent avec la prudence naturelle d'une banque mais il limite la capacité à juger de l'efficacité de l'appréciation portée par l'IA sur les valeurs considérées…

Entre cette initiative de HSBC, qui ressemble surtout à une opération de communication autour de la technologie employée et peine à convaincre sur ses résultats réels, et la litanie de jeunes pousses qui, au fil des années, ont fait miroiter des bénéfices tenant de la martingale, le recours à l'analyse de données et à l'intelligence artificielle dans le domaine de l'investissement rencontre décidément de sérieux obstacles. Peut-être faudrait-il admettre que les technologies existantes, élaborées et mises au point depuis longtemps, sont finalement suffisantes pour les besoins de l'utilisateur moyen ?

samedi 30 mai 2020

BBVA se diversifie dans la formation digitale

BBVA
En 2016, BBVA lançait un vaste programme de formation et de sensibilisation « digitale » à l'adresse de ses collaborateurs. Quatre ans et un million d'heures de cours dispensées plus tard, la maturité atteinte permet à la banque de le partager avec une entreprise extérieure, Mahou San Miguel, premier producteur de bière espagnol.

Conçu initialement pour les départements d'ingénierie ou proches des technologies, le « Projet Ninja » se fixait dès l'origine deux objectifs complémentaires : l'un, relativement classique, de découverte et d'apprentissage de disciplines émergentes – autant informatiques, telles que la cybersécurité, l'intelligence artificielle, la blockchain, la donnée…, que méthodologiques, avec les concepts d'agilité, d'expérience utilisateur… – et l'autre, beaucoup plus important, d'instiller une nouvelle culture dans le groupe.

Le secret de cette combinaison réside dans la composition hybride du dispositif. Il comprend ainsi, d'un côté, un volet directement éducatif, focalisé sur l'acquisition et le maintien à niveau de compétences techniques. Celui-ci repose notamment sur l'accès à des MOOC reconnus, assortis de qualifications et de diplômes officiels, ainsi qu'à des contenus, conférences, ateliers… et même des hackathons (pour la mise en pratique), concoctés avec des partenaires de haute volée (Amazon, Google, RedHat…).

Sur son deuxième volet, la banque cherche également à encourager les démarches autonomes d'apprentissage et de développement personnel. Les participants sont donc invités à partager leurs trouvailles, à contribuer à des activités diverses et à diffuser leurs résultats sur les thématiques qui les intéressent – surtout hors de leur périmètre d'expertise – et qui ne correspondent pas nécessairement à leur poste actuel. D'ailleurs, un bénéfice périphérique du « Projet Ninja » est de faciliter la détection de talents.

BBVA – The Ninja Project

Début 2020, BBVA révélait que près de 9 000 de ses employés, provenant des 7 pays où l'initiative était déployée, avaient suivi 19 000 cours en ligne et obtenu 3 500 certifications, pris part à un millier de conversations et 740 ateliers, publié 420 articles scientifiques et apporté plus de 1 300 contributions à des logiciels libres. Pourtant, seulement 10 d'entre eux avaient conquis la « ceinture noire » signalant la réussite complète dans le modèle de ludification intégré. Il reste presque toujours matière à s'améliorer !

Forte de son succès, la banque a d'abord décidé d'étendre sa portée en interne, en commençant par les divisions fréquemment en contact avec l'informatique, en particulier celles qui œuvrent sur le développement de produits, avec leurs spécialistes en marketing, en design… Et il ne s'agit pas seulement d'acculturer ces personnes à l'ère « digitale » : elles sont également incitées à s'imprégner concrètement des technologies, avec des introductions à la programmation, l'analyse de données…

Enfin, dans une forme de consécration de ses efforts, BBVA vient donc d'entamer une collaboration avec Mahou San Miguel, afin de proposer à 300 salariés de la brasserie impliqués dans sa transformation « digitale » une déclinaison du « Projet Ninja » ajustée selon leurs besoins spécifiques (par exemple à travers un focus important sur l'internet des objets). Le groupe espagnol offre ici une nouvelle illustration de son avance par rapport au reste du secteur, mais démontre aussi sa conscience du chemin qu'il lui reste à parcourir, en évoquant les leçons à tirer de cette expérience partagée…

BBVA – The Ninja Project

vendredi 29 mai 2020

LendingClub accompagne les finances à 360°

LendingClub
Bien que ses récentes évolutions l'éloignent toujours plus des idéaux d'origine du « crowdlending » et la rapprochent du crédit à l'ancienne, l'américaine LendingClub conserve son esprit pionnier. Témoin en est son tout nouveau « Member Center », qui embrasse une perspective à 360° sur les finances personnelles des consommateurs.

Alors qu'elle était en préparation depuis plusieurs mois, certaines de ses composantes étant testées par quelques privilégiés, la plate-forme a vu son déploiement accéléré en raison de l'actualité et de son utilité particulière en cette période synonyme de problèmes d'argent pour une grande partie de la population. Mise à disposition de tous les utilisateurs enregistrés dès aujourd'hui, elle a en effet vocation à apporter une aide pratique non seulement sur l'endettement mais aussi sur la gestion des dépenses, l'épargne…

Les fonctions incluses sont, pour nombre d'entre elles, le fruit d'une collaboration avec des startups spécialisées. C'est le cas, par exemple, d'un outil de maîtrise du budget, développé par Trim, qui vise à identifier et exploiter les opportunités d'économie sur les transactions habituelles de l'individu, ou encore de la solution de Steady, qui accompagne la recherche de missions pour les travailleurs indépendants et donne de la sorte un coup de pouce à leurs revenus. D'autres sont plus attendues de la part d'un établissement de crédit, telles que ses options d'ajustement des plans de remboursements de prêts.

LendingClub Member Center

Naturellement, sur tout le volet de l'endettement, LendingClub prend elle-même le sujet en main. Au sein du « Member Center », un espace dédié rassemble donc tous les outils nécessaires pour permettre à chacun d'appréhender sa situation – avec un horizon qui ne se limite pas au score de crédit, comme il est d'usage, mais comprend également une analyse de quelques autres indicateurs importants –, d'approfondir ses connaissances en la matière et d'optimiser ses opérations, en vue, entre autres, de préserver l'avenir.

Ces différentes initiatives laissent entrevoir que, quand LendingClub porte l'ambition de devenir une banque à part entière, il n'est pas question d'inscrire celle-ci dans un moule traditionnel. En droite ligne de la stratégie de ses débuts, elle cherche à toujours placer son client au centre de ses préoccupations, ce qui se traduit par des efforts d'information et de transparence, ainsi que par une démarche de conseil contextuel. Ce faisant, elle intègre en outre que la gestion des finances personnelles représente un tout, au-delà des frontières arbitraires entre lignes de produit créées par les acteurs historiques.

jeudi 28 mai 2020

Visa plonge dans le business de la donnée

GoodData
Il y eut d'abord, au début de cette année, l'acquisition de Plaid et sa technologie d'agrégation de données bancaires. Aujourd'hui, c'est un investissement stratégique dans GoodData, spécialiste de l'analyse de l'information. À l'aube d'une révolution des paiements, Visa semble opérer un virage marqué vers une nouvelle ligne d'activité

La disparition des cartes, virtuelles ou physiques, n'est probablement pas pour demain mais une tendance inéluctable est pourtant déjà rampante. La dématérialisation des transactions, qui passent de plus en plus par internet ou par le téléphone mobile, le recours à des supports plus efficaces et plus modernes, tels que celui instauré par la DSP2 avec l'initiation de paiement, l'émergence de systèmes nativement conçus pour l'ère « digitale »… créent une menace qu'il est impossible d'ignorer.

Ces mutations ont, en particulier, un impact majeur sur les modèles économiques du secteur. Les coûts d'infrastructure ont baissé drastiquement, l'automatisation permet de réduire encore les frais sur les opérations (par exemple sur la gestion des risques)… Les nouveaux entrants sont ainsi en mesure de proposer des solutions beaucoup moins onéreuses que les grands réseaux traditionnels. Ces derniers se trouvent alors au défi d'aligner leur technologie existante sur la concurrence tout en voyant leurs commissions plafonnées par les régulateurs désormais conscients de l'évolution du marché.

GoodData + Visa

Pour Visa, le salut pourrait donc être recherché dans une direction évidemment prometteuse par les temps qui courent, à savoir la monétisation des données. En établissant une collaboration étroite avec GoodData, le premier objectif consistera à commercialiser auprès des institutions financières et de leurs clients professionnels (les commerçants, notamment) des applications utiles basées sur l'analyse des informations de paiement. Cette nouvelle source de revenus sera certainement bienvenue pour lutter contre l'irréversible érosion des marges affectant les métiers historiques.

Si l'entreprise est capable d'entretenir une vraie vision à long terme, elle serait même en position de se projeter dans une transformation radicale de sa raison d'être. Dans le sillage de son intégration de Plaid, rien ne lui interdit de préparer, en parallèle d'autres scénarios plausibles, l'hypothèse d'un abandon progressif de ses activités de paiement, plus ou moins complet, volontaire ou contraint, pour basculer vers une stratégie entièrement focalisée sur la captation, le traitement et la distribution de données.

Si elle devait se propager dans l'univers de la finance, la transition vers un modèle économique reposant principalement sur une pure valorisation de l'information – sans préoccupation d'un service rendu à toutes les parties prenantes – risque toutefois d'avoir des conséquences surprenantes. En effet, alors que ses acteurs se gargarisent de la confiance dont ils jouissent auprès de leurs clients en comparaison des géants du web qui attaquent leur pré carré, présentés comme des ogres mercantiles de la donnée, pourront-ils impunément se renier et adopter les mêmes comportements ?

mercredi 27 mai 2020

LeverEdge, l'achat groupé de prêt étudiant

LeverEdge
À ce jour, nul ne sait comment se déroulera la prochaine rentrée universitaire aux États-Unis, mais il est au moins une certitude. Le coût de la scolarité restera prohibitif et la plupart des étudiants continueront à rechercher les meilleurs moyens de le financer. LeverEdge leur propose de se regrouper afin de bénéficier de conditions optimales.

Le principe n'est pas nouveau : grâce aux technologies modernes et à l'hyperconnectivité qu'ont stimulé les réseaux sociaux, rassembler un grand nombre de consommateurs ayant un même besoin et exploiter la force du nombre pour négocier un tarif avantageux (ou la création d'un produit personnalisé) a constitué le point de départ d'une multitude de startups (Groupon, entre autres). Le secteur financier a déjà été le théâtre de plusieurs tentatives du genre (pour des produits bancaires ou d'assurance).

Dans le cas de LeverEdge, il s'agit donc de proposer aux futurs étudiants de s'inscrire sur une liste de candidature, en fournissant quelques informations sur eux-mêmes et sur le crédit qu'ils recherchent. Une fois que le nombre de demandes similaires atteint un niveau suffisamment important, la jeune pousse soumet un dossier global à une série de banques partenaires. Après analyse des propositions reçues, elle retient la plus attractive, que chacun des participants peut alors choisir de souscrire ou non.

En comparaison des initiatives antérieures que j'évoquais plus haut, concernant des produits génériques, on perçoit immédiatement l'adéquation particulière du prêt étudiant au modèle de l'achat groupé. En effet, il émerge régulièrement une population plus ou moins homogène qui part en prospection à la même période, à savoir quand il faut commencer à payer les frais de scolarité (ceux-ci représentant une part importante – sinon majoritaire – des budgets). Les cohortes se créent ainsi naturellement.

LeverEdge – There's Power in Numbers

Pour les institutions financières qui jouent le jeu, l'approche présente des bénéfices significatifs, qui justifient d'ailleurs à la fois les prix serrés qu'elles consentent et la commission d'apport qu'elles reversent à LeverEdge (son unique source de revenus). Comme dans les autres implémentations, et encore plus avec une activité cyclique, justement, les économies réalisées dans les processus de commercialisation grâce au regroupement des dossiers semblables sont le principal facteur de séduction.

Le concept paraît engagé sur la route du succès. Après deux ans de fonctionnement, la FinTech a conquis 15 000 inscrits et facilité 100 millions de dollars de financement, pour une économie estimée de 15 000 dollars de frais sur chaque prêt conclu par son intermédiaire. Dans une certaine mesure, sa croissance exponentielle illustre également une autre caractéristique importante de sa cible : l'effet de réseau est extraordinairement efficace sur les campus et permet de développer rapidement la notoriété.

Le crédit étudiant, dont les encours dépasseraient allègrement les 1 000 milliards de dollars aux États-Unis, est considéré depuis plusieurs mois comme une épée de Damoclès au-dessus de l'économie américaine. Hélas, à défaut de la moindre évolution du système éducatif (qui tend, au contraire, à être imité ailleurs dans le monde), il reste critique pour une bonne partie de la population. En conséquence, toutes les solutions susceptibles d'en réduire la charge et les impacts sont toujours bienvenues

mardi 26 mai 2020

Kubera, pour garder une trace de son patrimoine

Kubera
Après un incident dans lequel il aurait pu perdre la vie, Rohit Nadhani, entrepreneur à répétition, a immédiatement désiré consolider et maintenir un inventaire de son patrimoine, afin d'en faciliter la transmission si le pire survenait… Son expérience l'a conduit à fonder Kubera, qui se focalise exclusivement sur cet objectif.

Bien sûr, il existe déjà des solutions qui sont en mesure de remplir un tel rôle… mais elles présentent toutes un défaut majeur, du moins pour qui se préoccupe uniquement de son héritage ou qui souhaite établir une frontière nette entre fonctions distinctes : leur modèle économique implique qu'elles sont conçues prioritairement dans un autre but, par exemple le conseil en investissement personnalisé, ou, pire, qu'elles exploitent les informations collectées à des fins commerciales (publicitaires, notamment).

Avec Kubera, il n'y a aucune ambiguïté : aucun autre usage des données enregistrées n'est envisagé et l'utilisateur est invité à payer directement pour le service de conservation (dans une approche de type « freemium »). Dans son principe, il s'agit d'un simple coffre-fort numérique, dans lequel il est possible de stocker des références de contrats importants (propriétés, assurances, dettes, portefeuilles…), ainsi que les documents associés (dont les testaments), et de définir les conditions de leur partage avec un tiers.

Au niveau de la mise en œuvre, les technologies modernes facilitent la tâche, qui peut s'avérer fastidieuse si elle est réalisée manuellement. En particulier, le recours à un agrégateur de données bancaires (Plaid, en l'occurrence) permet d'intégrer en quelques gestes simples les comptes de toute sorte détenus dans plus de 10 000 institutions financières dans le monde… et d'en assurer le suivi de la valeur dans le temps (il s'agit d'ailleurs de la partie de l'offre qui est facturée, à hauteur de 10 dollars par mois).

Accueil Kubera

Par défaut, tout le contenu stocké avec Kubera reste strictement confidentiel et ne peut être consulté que par son propriétaire initial. L'idée sous-jacente est que, en matière de patrimoine, nombreux sont ceux qui préfèrent ne pas fournir d'information détaillée à leurs proches, par crainte d'encourager les critiques, de déclencher des polémiques ou de susciter d'autres réactions négatives. Mais, dans ce cas, il faut anticiper sa disparition et la plate-forme fournit donc un petit moteur de règles dans cette perspective.

Dans la section « bénéficiaire » du site, l'utilisateur va d'abord indiquer la ou les personnes à qui l'ensemble de son dossier sera remis, avec leurs détails de contact (adresse de messagerie, numéro de téléphone…) et les critères qui déclenchent l'envoi, avec une possibilité d'enchaînement de séquences. Exemple : en l'absence de connexion pendant 2 mois, un rappel est émis par courriel, puis, sans réponse, un proche reçoit un lien de téléchargement et, s'il ne réagit pas après 5 essais, un deuxième est alerté…

Bien que la solution de Kubera comble un vide certain, elle s'adresse à une cible relativement étroite, composée d'individus disposant d'un patrimoine significatif (pour lequel un suivi manuel n'est plus suffisant) et qui veulent le garder confidentiel. Il reste à voir si une approche autonome, par un acteur indépendant, sera viable. À défaut, le concept constituerait une addition idéale dans les catalogues des banques privées.

lundi 25 mai 2020

Des données bancaires à leurs usages

MX
Née à la même époque que la plupart de ses consœurs de l'agrégation de comptes bancaires, l'américaine MX a depuis pris une direction spécifique : outre l'accès aux données brutes, elle propose également des applications concrètes exploitant celles-ci, dont la dernière en date est un module de segmentation intelligent des clients.

Parce que les consommateurs attendent toujours plus de personnalisation dans leurs échanges avec leurs fournisseurs, les institutions financières ont besoin de mieux connaître leurs clients et de sélectionner avec le plus grand soin ceux auxquels elles suggèrent un nouveau produit ou émettent une recommandation pratique. Afin d'enrichir sa solution de ciblage existante, MX vient d'introduire une fonction « Audiences », destinée à générer facilement des résultats plus précis, plus pertinents et plus utiles.

À la croisée de l'expertise de la jeune pousse et du trésor de données dormant dans les banques, ce sont naturellement les informations sur les comptes et les transactions de leurs clients, mais également leurs comportements dans l'usage de l'outil de PFM mis à leur disposition, le cas échéant, qui constituent les sources de connaissance principales de la solution et permettent de définir des catégories selon une multitude d'axes différents et non uniquement les quelques critères socio-démographiques habituels.

Les utilisateurs de la plate-forme peuvent ainsi sélectionner les paramètres qui les intéressent, que leur objectif soit, par exemple, de lancer une campagne marketing à destination d'une population particulière (les porteurs d'une carte de crédit de la concurrence), aussi étroite soit-elle, ou de formuler un conseil opérationnel à un groupe placé dans une situation unique (les détenteurs d'un prêt à long terme en période de baisse de taux), en évaluant sa portée potentielle au fil de l'élaboration du modèle.

MX Announces Audience Builder to Improve Marketing Conversion

L'initiative de MX prend tout de même une dimension incongrue quand on réalise à quel point elle révèle, par sa simple existence, l'incapacité des institutions financières à s'emparer elles-mêmes des opportunités que recèlent les données qu'elles hébergent. Les services d'agrégation de comptes agissaient déjà comme des « libérateurs » de l'information jusque-là enfouie dans des systèmes inaccessibles, voilà que la prochaine génération serait maintenant prête à la valoriser… et à en tirer profit !

Pendant que beaucoup d'établissements explorent désespérément les possibilités de monétiser les API ouvertes qui promettent de suivre la première vague de la DSP2, c'est un acteur tiers qui vient donc leur rappeler que les cas d'utilisation des données bancaires dans des applications internes n'ont encore été qu'à peine effleurés, alors qu'ils recèlent un potentiel économique presque immédiat. Il serait peut-être temps de s'inspirer de ce que font les startups du secteur au lieu de tourner en rond indéfiniment…